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TEMOIGNAGE SUR LE TRAITE  BRAZZA-MAKOKO

TEMOIGNAGE SUR LE TRAITE  BRAZZA-MAKOKO

Par Marcel BOUESSE, GUIDE DU MEMORIAL

A L’OCCASION DES 132 ANS DU TRAITE DU 10 SEPTEMBRE 1880

Après une évocation aussi profonde qu’exhaustive que celle de la Directrice Générale du Mémorial dans la restitution des faits du 10 septembre, notre témoignage ne peut se borner qu’à fournir des compléments qui sont nécessaires à une meilleure compréhension de l’événement.

Le 10 septembre 1880, en effet, Pierre Savorgnan de Brazza signait  pour le compte de la France, un traité avec Makoko ILOO 1er, souverain du royaume téké. Ce traité est le premier acte diplomatique écrit entre la France et le Congo. Lors des grandes secousses qui tétanisent le cours de  l’histoire des peuples, ce sont les archives, les témoins vivants et immatériels qui prennent le plus de coups. L’ambassade de France au Congo a renouvelé donc à 2 reprises, l’acte de remise de ce traité entre les mains du Roi Makoko à MBé.

Etant donné l’éloignement des faits dans le temps, les divers bouleversements que le Congo a connus, ainsi que de la nature même de l’événement, le traité d’amitié a fait l’objet de graves critiques et des reproches. En tout cas le mérite de ces attaques a été d’avoir instauré le débat car c’est le sort de tout un peuple qui a été scellé par cet accord.

La lecture des faits, le recoupement des informations, ainsi que les témoignages recueillis des descendants de la royauté des Makoko montrent que l’histoire écrite, celle que nous avons apprise à l’école est largement insuffisante pour qui veut se pénétrer de la profondeur de ces faits. Pierre Savorgnan de Brazza, lors de son deuxième voyage au Congo est venu à la rencontre des populations, et cela est dans tous les témoignages recueillis. Il a fait preuve de souplesse lorsqu’il le fallait. Il a négocié, parfois dans des situations de grande hostilité, c’est le cas  des bafourous avec qui il a signé un traité de paix(enterrement de la hache de guerre) le 20 septembre 1880 en présence de NGOBILA, alors chargé des embarcations à la cours royale de Makoko.

Si à l’école nous avons appris que le Sergent Malamine, laptot sénégalais que De Brazza avait recruté à la fin de l’année 1879 lors de son passage à Dakar, a servi d’interprète à  la signature du traité de MBé le 10 septembre 1880, aujourd’hui nous savons que l’explorateur avait plutôt eu recours aux services d’un jeune Batéké qui, ayant sans doute grandi à Libreville, pouvait s’exprimer dans un français sommaire, mais suffisant pour être utile et qu’il avait recruté comme porteur.

                                                                                            

                                                                   

 

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 C’est OSSIA qui, le 10 Septembre 1880 va servir d’interprète entre la délégation de l’explorateur et celle du roi de Mbé. De sa propre main, De Brazza rendra hommage à ce collaborateur dont il avait apprécié hautement les services : «  Il me sera permis, écrit-il, de dire ici quelques mots d’un homme précieux qui m’a accompagné dans mes voyages : le Batéké OSSIAH, parlant presque tous les idiomes de l’Ogooué et du Congo inférieur était plus qu’un interprète : c’était aussi un précieux conseiller ».

Ensuite Brazza est resté loyal envers ce Roi analphabète en français : il avait pu obtenir de lui qu’il appose au bas du traité un signe et le dit explicitement : « … je lui ai remis un pavillon français et, par le présent document, fait en double et revêtu de son signe et de ma signature, etc… » (Traité du 10 septembre1880).

Après trois longues années d’absence  au Congo, les rumeurs allaient bon train sur la validité  de l’accord que Makoko avait donné. Pour faire taire ces accusations de duperie, De Brazza a ramené, placé dans un riche coffret de Cristal, la copie du traité ratifié par le Parlement français en Novembre 1882.

Un autre témoignage rapporte que Makoko aurait souhaité voir installé le nouveau village des blancs près de sa résidence à MBé. Ce qui fait que lors de ce voyage, De Brazza était accompagné de 48 personnes dont des représentants des départements ministériels du gouvernement français. Makoko quant à lui, était entouré de ses principaux lieutenants dont NGANTCHOU, M’POCO-NTABA et N’GALIEME-NGALION dont les fonctions à cette époque pouvaient correspondre à celles de nos premiers ministres ou ministre de la défense. En tant qu’intellectuel chacun peut apprécier la situation à sa manière, mais il y a des faits qui sont constants.

Ces dignitaires étaient tous engagés dans des luttes intestines pour le pouvoir. Il ne me semble pas logique qu’ils aient pu laisser le Roi prendre de graves décisions engageant la nation toute entière à la légère et qui plus est, celles-ci engageaient l’avenir du territoire. S’il en était ainsi, cela pouvait avoir pour méfait, d’aviver les tensions au sein du pouvoir. Après ce traité, MBOULIGNAOH  ILOO 1er  MAKOKO régnera encore 12 ans sur la royauté téké.

Et puis, ces dignitaires étaient parfaitement conscients de la situation d’enclavement dans laquelle se trouvait le royaume. Du riche et intense commerce qui se passait sur la cote maritime, les Batéké ne recevaient que des subsides et ils étaient sans doute enquête d’un facilitateur qui pouvait leur offrir des débouchés. Ces européens qui arpentaient leurs territoires représentaient pour eux, cette opportunité, il suffisait qu’il fût pacifique. Makoko a reçu cette assurance de  son ami le Roi RENOKE du Gabon qui lui envoya un  émissaire, car Brazza s’était d’abord attaché à Renoké avant qu’il ne se rende compte qu’il était esclavagiste. Dans un message, celui-ci lui fait un portrait élogieux du blanc qui s’apprête à fouler ses terres.

Brazza avait aussi instauré la politique des traités systématiques parce qu’il s’agissait là d’un 

 

 

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